Avez-vous déjà entendu parler de la matrescence ? Derrière ce terme se cache la contraction de « maternité » et « d’adolescence ». Il s’agit du processus que vit une femme lorsqu’elle devient mère, un bouleversement à la fois émotionnel, hormonal, physique et identitaire. Nous allons tout vous expliquer sur la matrescence : sa définition, comment elle se manifeste, comment mieux traverser cette période…
La matrescence : définition et origine du concept
Le concept de matrescence ne date pas d’aujourd’hui, puisqu’il a été inventé par l’anthropologue américaine Dana Raphael en 1973. Contraction des mots « maternité » et « adolescence », la matrescence peut prendre la définition suivante : ce sont les changements psychiques et physiques que vit une femme lorsqu’elle devient mère. Cette période transitoire, plus ou moins longue, fait référence à tous les chamboulements qui suivent l’accouchement. Elle désigne le processus que vit une femme qui devient mère que ce soit au niveau émotionnel, hormonal, physique, mais aussi neurobiologique et social. La matrescence n’est ni une dépression post-partum, ni un baby blues.
Mais quel rapport avec l’adolescence ? C’est un parallèle qui est fait entre le passage d’un adolescent vers la vie adulte et la transition que vit un adulte lorsqu’il devient parent. Ce n’est pas quelque chose de soudain, mais plutôt une période vécue plus ou moins intensément en fonction des personnes, où se mêlent charge émotionnelle, recherche identitaire ou encore une notion de responsabilisation face un petit être.
Avec la matrescence, c’est toute l’identité de la femme qui se modifie : à la fois l’image qu’elle a d’elle-même, ce qu’elle attend d’elle dans son nouveau statut, mais aussi ce que la société attend d’elle en tant que nouvelle mère. Chez certaines femmes la transition se fait en douceur, mais pour d’autre c’est plus compliqué car elles ne se reconnaissent plus.
Cette période est dans la continuité de la grossesse et de l’accouchement et forme ce que l’on appelle parfois le « 4e trimestre ».
Ce processus complexe et bouleversant de la matrescence fait écho à l’idée selon laquelle on ne naît pas mère, on le devient !
Comment se manifeste la matrescence ?
Comme nous l’avons vu précédemment, la matrescence, d’après sa définition simplifiée, est une période de transition naturelle qui s’accompagne d’une transformation. On ne parle pas ici d’une maladie, ce qui veut dire qu’il n’y a pas réellement de symptômes. Mais on note tout de même des grandes caractéristiques dans la matrescence.
- Une ambivalence des sentiments : être à la fois heureuse d’être mère et frustrée de ne plus avoir la même indépendance, vouloir être collée à son bébé et ne pas envisager de le laisser même 1 minute mais avoir besoin de passer du temps seule pour souffler…
- Une culpabilité face à l’injonction d’être une mère parfaite et de ne pas se laisser le droit à l’erreur. Ce sentiment est très souvent en lien avec les attentes de la société ;
- La difficulté à trouver un équilibre dans cette nouvelle vie ;
- Un questionnement sur sa place dans le couple, dans la vie professionnelle, le rapport avec son bébé…
Devenir parent entraine des changements dans notre cerveau, cela est d’ailleurs confirmé par les neurosciences. En effet, des études montrent que la grossesse modifie le fonctionnement du cerveau et que cela peut persister pendant 2 ans après la naissance. Ces changements se font au niveau des fonctions cérébrales, qui jouent un rôle dans les interactions sociales ainsi que dans l’interprétation des émotions, des désirs et des intuitions. Le cerveau se modifie afin que la mère soit davantage connectée à ses émotions, notamment pour répondre aux besoins de son nouveau-né.
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Combien de temps peut durer la matrescence ?
La durée de ce phénomène est très variable, cela va dépendre des femmes, de leur histoire, de l’accouchement, de la façon de tisser des liens avec le bébé, de l’entourage… Selon certains chercheurs, la matrescence peut durer jusqu’à 2,3 ans après l’accouchement, car sur le plan physiologique c’est le temps qu’il faut au cerveau pour retrouver son fonctionnement d’avant grossesse. La restructuration peut mettre des mois, voire des années à se stabiliser complétement, et peu importe qu’il s’agisse d’un premier bébé ou du 4e !
Comment accompagner le processus de la matrescence ?
Toutes les femmes ne vivent pas la matrescence de la même façon et cette période de changement peut se faire avec plus ou moins de facilité. Mais si c’est un sujet qui vous préoccupe ou que vous sentez que vous avez besoin de vous renseigner pour mieux traverser ce tourbillon, voici quelques conseils.
S’informer sur le sujet de la matrescence
On dispose aujourd’hui de nombreuses ressources pour mieux comprendre le phénomène de la matrescence et sa définition. Des livres, des études, des témoignages, des podcasts… Le fait de s’informer et de sensibiliser est bien souvent un premier pas pour mieux vivre une situation. Ici, savoir que la maternité n’est pas innée et qu’elle entraine un changement conséquent chez de nombreuses jeunes mères a un côté rassurant et déculpabilisant.
En parler
Mettre des mots sur ce que l’on vit participe grandement à mieux le vivre. Oser en parler permet de déculpabiliser et de mieux traverser cette période charnière. Il existe par exemple des cercles de jeunes mamans qui offrent un espace pour déposer sans jugement ses émotions et ses ressentis par rapport à cette transformation.
S’entourer des bonnes personnes
Devenir mère est une expérience incroyable et très forte. Il est donc essentiel d’être entourée et soutenue et de ne pas rester isolée. Le second parent joue évidemment un rôle primordial dans l’accompagnement du processus de matrescence grâce à son soutien, sa présence et sa compréhension. Il ne faut pas hésiter non plus à solliciter son entourage, qui peut être une aide dans le quotidien pour des petites choses toutes simples comme aider dans la préparation du repas ou rester avec bébé un instant pour que vous preniez une douche. On dit souvent qu’il faut un village pour soutenir une femme qui vient de devenir mère et qu’il faut créer un cocon autour de la maman. Il est également possible de s’entourer d’une doula qui va prendre soin de la jeune maman et l’accompagner dans sa matrescence.
